Dans cet article, l’historien de l’art Thierry Lenain se penche sur l’un des sous-genres les plus obscurs de l’histoire de la peinture : la peinture de singe (ou singerie). Les peintures de singes décrivent l’action animale comme une folie humaine et un commentaire satirique sur les idioties des mœurs contemporaines. Ils constituent également une fenêtre importante sur la complexité des systèmes sociétaux et de la psychologie.
Au XVIIe siècle, des artistes tels que Jan Breughel l’Ancien et David Teniers le Jeune ont développé la peinture des singes au-delà de ses débuts les plus rudimentaires. Ils ont utilisé des singes peints pour commenter les mœurs contemporaines dans des œuvres comme Monkeys Playing Backgammon et Monkeys in the Kitchen ; ils ont attaqué de manière cinglante la tulipmania dans une série de portraits de langurs gris ; et ils ont relevé la tâche difficile de faire d’un singe un artiste convaincant dans des peintures telles que La salle de garde avec des singes.
Mais l’apogée de l’art des singes a eu lieu dans les années 1950, lorsque les biologistes ont commencé à faire peindre des primates. Ils ont constaté que certaines de leurs créations présentaient les types de qualités esthétiques associées à l’art moderne, ce qui a donné lieu à des expositions et à un grand intérêt tant de la part des artistes que du grand public.
Dans ce tableau, une troupe de singes a réveillé un colporteur de son sommeil en dispersant ses marchandises autour de lui. Pendant que certains singes fouillent dans le panier du colporteur, d’autres jouent avec ses jouets : un singe essaie un pantalon d’enfant, un autre regarde son reflet dans un miroir. Ces activités sont typiques des folies représentées dans les chants, mais dans ce cas elles peuvent suggérer que les singes ne se comportent pas simplement de manière stupide ; au contraire, ils sont enchantés par le portrait et sa ressemblance avec eux. tableau singe